Dans la région de Volos, en Grèce, la détresse des éleveurs qui ont tout perdu dans les incendies

Dans la région de Volos, en Grèce, la détresse des éleveurs qui ont tout perdu dans les incendies

Les hauteurs du village d’Agios Georgios Feron, à vingt minutes de la ville de Volos, dans le centre de la Grèce, sont noires, nues, sans arbres ni animaux, ce jeudi 3 août. Deux semaines après les incendies qui ont ravagé la plaine agricole et broussailleuse, l’odeur de brûlé continue d’embaumer l’air chaud des environs du hameau de 700 âmes. Dans cette région de Magnésie, 80 % des animaux d’élevage – soit plus de 3 000 moutons, quelques chèvres et vaches – ont perdu la vie dans les feux fin juillet.

Lorsque l’incendie se déclare dans cette zone déjà aride et peu boisée, le 26 juillet, les températures atteignent 45 °C. Les vents violents allant jusqu’à 60 kilomètres/heure rendent le travail des pompiers difficile. Plus de 5 000 hectares partent alors en fumée.

Au café du village, les mines sont tristes. Les souvenirs de ces deux jours de lutte contre les flammes continuent de hanter les habitants. « En une heure, toute la colline a brûlé. Les pompiers n’ont pas eu le temps d’agir. Il n’y avait pas de renforts aériens et seuls, nous ne pouvions rien faire… L’un d’entre nous, un éleveur de 45 ans, a essayé de sauver son troupeau, il y a laissé sa vie… », raconte, la gorge nouée, Kostas Tsintsous. L’éleveur a perdu la totalité de ses 300 moutons. Leur lait était revendu à des usines locales détenues par la société française Lactalis pour fabriquer le plus célèbre des fromages grecs, la feta. L’entreprise familiale qu’il tenait avec son frère et son père doit être reconstruite à partir de zéro.

« Un des nôtres est mort ! »

« C’est une catastrophe. Je n’arrive pas à trouver le sommeil. Je ne sais pas si je dois continuer ce métier ou tout abandonner… », confie le quinquagénaire. A ses côtés, Vassilis Pagonis a perdu 350 moutons sur 600, ses étables, ses véhicules. « Pas une chaîne de télévision n’a fait le déplacement pour voir la situation ici, alors qu’un des nôtres est mort ! », enrage le trentenaire. « Les caméras étaient toutes à Rhodes. Mais ici, c’est le cœur de la production de la feta, notre fromage national, cela ne compte pas ? A Rhodes, ils craignent de ne plus avoir de touristes. Mais nous, nous avons perdu notre travail, nous nous sommes endettés pour investir dans notre élevage, nous allons mettre plusieurs années avant de nous relever… », poursuit-il, désespéré.

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Il y a quelques jours, une délégation du ministère de l’agriculture est venue sur place estimer les dégâts, mais aucun montant de dédommagement n’a été pour l’instant avancé. « Pour faire grandir une bête, il faut environ 250 euros. Il faut ensuite ajouter les 800 mètres carrés d’étables qui ont été détruits. Il faudrait que l’Etat me donne plus de 75 000 euros. Je sais que je n’aurai jamais cette somme mais si j’ai déjà la moitié, je pourrai me reconstruire peu à peu et ne pas sombrer… », avoue Kostas Tsintsous.

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