La répression s’intensifie en Iran à l’approche du premier anniversaire du soulèvement qui a eu lieu le 16 septembre 2022, porté par son slogan phare, « Femme, vie, liberté ». Dans la journée du 16 août, au moins une dizaine de militantes des droits des femmes ont été arrêtées dans la province de Guilan, située dans le nord du pays. Parmi elles, la chercheuse Jelveh Javaheri, la graphiste Shiva Shahsiah et la photographe Matine Yazdani. Leurs familles, réunies devant le bureau du procureur de Rasht, la capitale de la province de Guilan, ce jeudi 17 août, n’ont pas réussi à obtenir des informations sur leurs proches détenues.
Ailleurs dans le pays, la liste des arrestations s’allonge aussi, notamment parmi les adeptes de la minorité religieuse non reconnue par la République islamique d’Iran, les Bahais, dont le couple Maria et Jamaloddin Khanjani. Ce dernier, âgé de 90 ans, a déjà purgé une peine de dix ans de prison, entre 2008 et 2018. D’autres, des étudiants contestataires en première ligne des manifestations qui ont ébranlé l’Iran pendant des mois, sont nombreux, ces jours-ci, à être convoqués par les services secrets. Même chose pour les anciens prisonniers politiques, arrêtés au moment du soulèvement.
Le 13 septembre 2022, Mahsa Amini, une Iranienne d’origine kurde, avait été arrêtée à Téhéran par la police des mœurs, chargée de surveiller le bon respect des codes vestimentaires en Iran et d’arrêter les contrevenants. L’Iranienne décédera trois jours plus tard, vraisemblablement des suites des coups reçus à la tête durant sa garde à vue. Dans les jours qui ont suivi sa mort, une vague de contestation, inédite par son étendue et par sa durée, avait submergé le pays. Au cœur de cette contestation : les Iraniennes décidées à retirer leur foulard. Puis des dizaines de milliers de protestataires ont été arrêtés. Au moins sept jeunes hommes ont été pendus pour avoir pris part au mouvement.
« Obligés de signer »
Aujourd’hui, il n’y a plus de manifestations dans les rues du pays. Mais des femmes iraniennes continuent de sortir sans voile, tandis que le régime ne semble guère prêt à faire des concessions. Des agents de la police des mœurs sont de retour en Iran, harcelant celles qui osent se promener tête nue en public. « Depuis quelques semaines, on assiste à une nouvelle vague de répression en prévision de l’anniversaire du soulèvement », confirme Sima, qui a souhaité s’exprimer avec un pseudonyme. Arrêtée pendant une manifestation à Téhéran, en septembre 2022, cette Iranienne de 40 ans a passé près de trois mois en prison, avant d’être graciée par la justice. Début août, elle a été de nouveau convoquée par la police.
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