victoire du candidat pro-Pékin, reconnue par le chef de l’Etat sortant

victoire du candidat pro-Pékin, reconnue par le chef de l’Etat sortant

Le candidat pro-chinois, Mohamed Muizzu, a remporté l’élection présidentielle samedi 30 septembre aux Maldives. Le président sortant pro-indien, Ibrahim Mohamed Solih, a reconnu sa défaite. « Félicitations au président élu Muizzu », a-t-il écrit sur X (ex-Twitter) après la publication par la commission électorale des résultats accordant 54,06 % des voix à M. Muizzu.

Le vainqueur de la présidentielle, également maire de la capitale des Maldives, Malé, a promis au camp nationaliste de réduire la dépendance de l’archipel vis-à-vis de l’Inde, lui préférant la Chine. M. Muizzu est le premier maire élu de Malé, île-capitale, la plus peuplée de l’archipel qui se compose de 1 192 îlots coralliens disséminés sur quelque 800 kilomètres dans l’océan Indien.

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La victoire de M. Miuzzu pourrait déboucher sur un rapprochement avec Pékin, dans une région hautement stratégique. Haut lieu du tourisme de luxe, cet archipel de l’océan Indien se situe sur l’une des routes maritimes les plus fréquentées du monde dans une zone où l’Inde et la Chine rivalisent d’influence.

Le vainqueur de la présidentielle, dont le parti était entré dans l’orbite de Pékin pendant le mandat de son mentor Abdulla Yameen (2013-2018), a notamment défendu sans réserves les largesses financières accordées par Pékin dans le cadre des « nouvelles routes de la soie », gigantesque projet chinois d’investissements dans les pays en développement. Quand il était au gouvernement de M. Yameen, M. Muizzu avait par ailleurs été le fer de lance d’un projet de pont financé par la Chine, pour un coût de 200 millions de dollars, reliant la capitale au principal aéroport du pays.

Le premier tour de la présidentielle lui avait déjà donné une confortable avance (46,1 % contre 39,1 %) face au président sortant, Ibrahim Mohamed Solih, qui s’est efforcé, pendant son mandat, d’améliorer les relations tendues avec New Delhi. En concédant sa défaite, M. Solih a tenu « à féliciter la population qui participé à un processus démocratique et pacifique ».

Le taux de participation s’est établi à 85 % pendant le second tour, pendant lequel l’organisme de surveillance Transparency Maldives a relevé quelques incidents de « violence électorale ». La police a annoncé avoir arrêté quatorze personnes pour violation des règles électorales.

Suivre la ligne pro-Pékin

En 2018, M. Solih avait remporté une victoire surprise à la présidence en succédant à M. Yameen, qui purge actuellement une peine de onze ans de prison, pour corruption et blanchiment. Il avait reproché à son prédécesseur d’avoir poussé le pays dans le piège de la dette chinoise en empruntant massivement pour les infrastructures.

A l’époque, le virage du gouvernement de M. Yameen au profit de Pékin avait alarmé New Delhi, qui partage les inquiétudes occidentales face à l’affirmation croissante de la Chine dans l’océan Indien. A son arrivée au pouvoir, M. Solih a rapidement agi pour rétablir les relations de l’archipel avec New Delhi, en invitant le premier ministre indien, Narendra Modi, à assister à son investiture et en permettant de renforcer sa petite présence militaire. Pendant la campagne pour sa réélection, il a cherché à rallier des soutiens en faisant campagne sur des questions locales telles que le logement.

Le parti de M. Muizzu avait, lui, centré le débat sur la diplomatie en critiquant le rapprochement de M. Solih avec l’Inde, un pays au poids politique et économique démesuré aux Maldives et objet d’une désaffection ancienne. Son parti du PPM et des groupes militants ont régulièrement organisé des manifestations exigeant une réduction de l’influence indienne dans la nation musulmane.

Pendant la campagne, les alliés de M. Muizzu ont affirmé que son élection contribuerait à débarrasser le pays de toute ingérence étrangère. M. Muizzu a pourtant ouvertement fait part de ses projets de suivre la ligne pro-Pékin de son mentor Yameen. « Nous sommes impatients de revenir au gouvernement en 2023 (…) pour écrire un nouveau chapitre de liens forts entre nos deux pays », avait-il déclaré lors d’une réunion avec des membres du Parti communiste chinois l’an dernier.

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Pendant la campagne, l’ancien ministre des affaires étrangères, Ahmed Shaheed, avait toutefois assuré à l’Agence France-Presse que le prochain président « devra trouver un équilibre les intérêts de l’Inde et de la Chine »« Vous ne pouvez pas rejeter l’Inde et survivre », avait-il prévenu.

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Le Monde avec AFP